dimanche 16 octobre 2011

Soyons (complètement) fous !

Voyant sur ma partition fraîchement reçue de La Follia de Corelli que l'arrangement était signé Hans-Martin Linde, j'ai tapé ces quelques mots sur Youtube et... je pense, chères collègues flûtistes de 2e cycle, que nous pouvons nous estimer heureuses de ne pas avoir à travailler aussi Una Follia Nouva d'Hans-Martin, bien qu'elle ne soit pas dénuée d'intérêt... je vous laisse juger par vous-mêmes :

jeudi 6 octobre 2011

Soyons fous !

L'éventualité ayant été évoquée que toute la joyeuse bande de flûtistes à bec de 2e cycle s'attaque à La Follia de Corelli, avec un nombre de variations proportionnel aux années de pratique, je n'attendrai pas que cette présomption devienne réalité pour vous la faire entendre, parce que si je ne l'ai pas fait plus tôt, c'est sans doute un oubli.

Bon, je vous le dis franchement, on s'attaque à quelque chose de fourni, et on pourrait passer pas mal d'heures à écouter la foultitude de versions de ce tube qui déchire tout depuis le XVe siècle (je ne sais pas combien j'en ai écoutées pour écrire cet article mais je frôle un peu l'indigestion).

Ce thème archi-connu, l'un des plus anciens thèmes musicaux européens, aurait donc fait son apparition pour la première fois au Portugal au XVe siècle, la Folia étant alors une danse populaire bruyante et rapide. Cette musique de folie connaît ensuite un grand succès en Espagne, pour essaimer au cours des deux siècles suivants dans toute l'Europe sous le nom de Folies d'Espagne, sous une forme beaucoup moins effrénée.


C'est Lully qui les fait connaître en France vers 1670, initiant un engouement qui ne se démentira pas au fil des siècles. Un nombre incroyable de compositeurs, célébrissimes ou plus obscurs, vont s'y coller, soit sous formes de variations directement sur un thème bien stabilisé, soit s'en inspirant : Lully, François Couperin, Corelli, Marin Marais, Scarlatti, Vivaldi, Bach (Jean-Seb), Haendel, Carl Philip Emanuel Bach, Salieri, Paganini, Liszt, Rachmaninov... la liste est loin d'être exhaustive (il y en a au moins 150 !), et ça continue encore de nos jours !


Comme je suis gentille (si si), je vous en ai choisi un "petit échantillon" (pas si petit que ça d'ailleurs, c'est vraiment difficile de faire une sélection), pas forcément des plus connues. Vous pourrez toujours aller écouter les autres sur Youtube (rendez-vous ici dans un an ou deux).


Tout d'abord, puisque c'est celle qui nous concerne, voici l'interprétation que fait notre vieil ami Frans Brüggen de La Follia version Corelli (1653-1713) : léger, délicat, virevoltant et... virtuose.




D'autres variations pour la flûte à bec, de Paolo Benedetto Bellinzani (1619-1684) :




Une dernière version pour flûte à bec : celle de Tomaso Antonio Vitali (1663-1745), qui fait son intéressant en n'exposant le thème qu'après plusieurs variations (je ne vous dis pas quand, eh oh, où serait la surprise ?).




A tout seigneur tout honneur, écoutons maintenant ce qu'en a fait Giovanni Battista Lulli (1632-1687) (un peu pompeux, mais bon, c'est du Lully, on l'aime bien quand même) :




J'ai un faible pour la version de Michel Farinel (1649-1726) :




On ne peut quand même pas se priver de Marin Marais (1656-1728) (ni de Jordi Savall) !




Francesco Petrini (1744-1819), pour la harpe :




Pour les contemporains, j'ai choisi Gregorio Paniagua (né en 1944), sur instruments anciens :




Enfin, par curiosité, Karl Jenkins (né lui aussi en 1944), variations pour marimba et orchestre (les cordes sont vraiment trèèèès sirupeuses) (et c'est une spécialiste de la guimauve qui vous parle) :



Il paraît que le thème a aussi été utilisé par Vangelis pour la musique du film 1492 (Conquest of the Paradise), mais là mon oreille me lâche (la traîtresse) et j'avoue humblement que je ne parviens pas à reconnaître quoi que ce soit.