mardi 29 novembre 2011

Montserrat Figueras (1942-2011)

La semaine dernière, est morte à soixante-neuf ans la chanteuse catalane Montserrat Figueras, épouse de Jordi Savall. Les biographies et les hommages fleurissant sur le net à cette occasion (par exemple ici), je n'en écrirai pas un de plus mais je vous propose juste d'écouter sa voix.

Je n'ai choisi qu'une vidéo parmi son vaste répertoire, consacré à la musique ancienne, car après l'avoir écoutée, je n'avais plus envie de rien d'autre... Il s'agit d'une berceuse catalane, "Mareta no'm faces plorar" (Maman ne me fais pas pleurer), datant environ de 1700.



J'ai préféré l'écouter sans regarder les images, et même en fermant les yeux... ce qui convient très bien pour une berceuse.

Mareta, mareta, no'm faces plorar,
          Maman, maman, ne me fais pas pleurer,
compra'm la nineta avui qu'es el meu sant.
          Achète-moi une poupée car aujourd'hui c'est ma fête.
Que tinga la nina hermosos els ulls,
          Qu'elle ait de beaux yeux,
la cara molt fina i els cabells molt rull.
             Un joli visage et des boucles plein les cheveux.

Marieta, Marieta jo es cantaré
              Marieta, Marieta, je lui chanterai
una cançoneta que ta adormiré.
              une chansonnette et je t'endormirai.
Dorm-te, neneta, dorm si tens son.
              Endors-toi, petite, dors si tu as sommeil.
Dorm-te, neneta, dorm si tens son.
              Endors-toi, petite, dors si tu as sommeil. 

samedi 26 novembre 2011

Aux origines de cette Folie

Je conçois que cela puisse commencer à ressembler à une obsession, mais il faut dire que le sujet est encore loin d'être épuisé (contrairement à une pitoyable flûtiste de ma connaissance). Attendez-vous donc à le voir encore resurgir de temps à autre. Et ne vous plaignez pas, j'aurais pu me passionner pour l'opéra contemporain (excusez-moi de me laisser aller, le traumatisme est encore récent).

Je vais donc aujourd'hui vous parler de Rodrigo Martinez. Lequel n'est pas un joueur de foot sud-américain (ou alors peut-être, le patronyme étant vraisemblablement plutôt répandu, mais à mon insu) (après vérification, Rodrigo Martinez est bien un footballeur urugayen, mais ce n'est pas de celui-là dont il est question dans cet article) (suite à confusion de la part d'une certaine personne, je précise que Rodrigo Martinez n'est pas le compositeur de la chanson) (ou alors peut-être, le patronyme étant vraisemblablement plutôt répandu, mais à mon insu).

Comme je vous le disais ici, le thème de La Folia aurait fait son apparition au Portugal au XVe siècle. On en trouve mention pour la première fois dans divers documents portugais de la fin du XVe siècle, entre autres dans les pièces du créateur du théâtre de la Renaissance au Portugal, Gil Vicente, dans lesquelles elle est associée à des personnages populaires, bergers ou paysans en général, occupés à danser et à chanter avec énergie (d'où son nom de "Folia" qui signifie à la fois "amusement débridé" et "folie" en portugais). En outre, les chroniques portugaises de l'époque font constamment référence à des groupes de paysans priés de venir danser la Folia dans les châteaux de la haute noblesse à l'occasion de fêtes et d'évènements tels que mariages et naissances.

On en trouve une variante primitive dans la chanson de berger "Rodrigo Martinez", du Cancionero de Palacio, qui est un recueil de plus de quatre cents chansons espagnoles, datant des années 1474-1516 et qui représente une abondante source de ce qui s'entendait au début du XVIe siècle à la Cour des « Rois Catholiques » d'Espagne, Isabelle Iére de Castille et Ferdinand II d'Aragon.






J'ai failli vous dispenser de l'écoute de la version chantée, et puis finalement, non, y a pas de raison, tout le monde doit y avoir droit. Enjoy !



Rodrigo Martinez
les oies, hé !
pensant que c'étaient des vaches,
il les sifflait. Hé !

Rodrigo Martinez,
si beau garçon,
tes oisons,
le fleuve les emporte.
Ohé !
Pensant que c'étaient des vaches,
il les sifflait. Hé !

Rodrigo Martinez,
si vigoureux,
tes oisons,
le pré les emporte.
Ohé !
Pensant que c'étaient des vaches,
il les sifflait. Hé !

vendredi 18 novembre 2011

Encore un peu de folie ?

Nous sommes toujours plusieurs à consacrer une bonne partie de notre travail instrumental à La Follia de Corelli, alors pour changer un peu et renouveler nos sources d'inspiration, je me suis mise en quête de versions "alternatives" de la chose. Je pensais trouver pléthore de vidéos délirantes impliquant toutes sortes d'instruments plus inattendus les uns que les autres, eh bien non ! N'étant cependant pas revenue complètement bredouille, je vous livre le résultat de mes recherches. On s'accroche, ça peut être... surprenant ;-)

Commençons donc par le saxophone. L'association saxo / viole de gambe / théorbe peut surprendre, mais le résultat ne manque pas d'intérêt.




Après cette petite mise en ouïe, attaquons directement la version mandoline(s)(ss)(ssssssssss). Attention, ça peut être assez violent par moments. C'est pas grave si vous ne tenez pas les 13 minutes, mais en tous cas ça a l'air très joli, la Macédoine.



(Je suis sympa, je vous épargne la version à la flûte de Pan, mais si vous y tenez particulièrement, c'est là : La folia Corelli Panflute Susumu Otsuk)

(Ah, il y a aussi une version violon / harpe / pinceau - personnellement j'aurais pas choisi le vert ; pour écouter le dentiste, c'est par là : A Dentist Played Corelli La Folia part I )


Ma préférée est la suivante, qui m'a bien fait rire (sans vouloir absolument m'inspirer de l'interprétation, par contre) :




Allez, la "meilleure" pour la fin (parfois, 10 petites minutes peuvent paraître trèèèèèèès longues...) (en même temps, si jamais l'une d'entre nous oublie sa flûte à l'audition...) (et aussi, si quelqu'un peut m'expliquer pour les poireaux ?) :

jeudi 10 novembre 2011

Musique animalière (1)

Inaugurons une "nouvelle" série avec les animaux dans la musique. Pas si nouvelle que ça en fait, car vous avez déjà eu droit au Coucou de Louis-Claude Daquin et à Pierre et le loup de Prokofiev (j'en oublie même peut-être). En fait, les différentes espèces animales sont assez bien représentées dans la création musicale et nombreux sont les compositeurs qui ont tenté avec plus ou moins de représentativité d'imiter les cris et attitudes de nos amies les bêtes.

Aujourd'hui, nous allons découvrir (ou re-découvrir, pour les plus mélomanes d'entre nous) La Poule de Jean-Philippe Rameau.

Jean-Philippe Rameau (1683-1764) est un compositeur français et théoricien de la musique. Son père était organiste à Dijon, et il paraît que le petit Jean-Philippe connaissait le solfège avant de savoir lire et écrire. Il est célèbre (sans parler de sa musique elle-même) pour ses traités d'harmonie, qui font toujours référence aujourd'hui, et pour son hostilité à l'influence de la musique italienne qui donnera lieu à la fameuse Querelle des Bouffons qui l'opposera en particulier à Jean-Jacques Rousseau.


Allons-y pour une première version piano (l'interprète Grigory Sokolov est assez... décoiffant) :




Au clavecin, maintenant ! C'est bien sûr l'instrument d'origine, et je trouve que c'est encore plus évocateur qu'au piano (bon, la poule paraît un peu speed par moments et je me demande si elle n'a pas fini en marmite car la fin est un peu... violente).




Ici, nous avons la version "poulailler Grand Siècle" avec son sextuor à cordes :




Pour finir, au cas où vous n'auriez pas réussi à visualiser l'animal, une petite animation (je ne vous dévoile pas la fin, qui n'est pas tout à fait celle que j'avais imaginée) :