dimanche 18 décembre 2011

Danse slave n°8 (Dvořák)

Poursuivons notre préparation auditive au programme du prochain spectacle, et restons dans la slavitude (je ne connais pas le scénario, juste que ça a un rapport avec ce qui se serait passé sous l'océan Atlantique Nord APRÈS le naufrage du Titanic, dont on commémorera le centenaire du naufrage le 14 avril 2012 ; je ne peux donc qu'imaginer - en fait non, je ne peux pas - le rapport que ça peut avoir avec les slaves) (peut-être une obsession personnelle de la scénariste ?).

Nous allons donc aujourd'hui nous familiariser avec la Danse Slave op. 46 n° 8 de Dvořák.

Antonín Leopold Dvořák (1841-1904) est un compositeur tchèque, destiné dès l'âge de 11 ans à devenir boucher-aubergiste comme papa. Mais ses talents de musicien étaient fort précoces, car à 5 ans il jouait déjà du violon pour les clients de l'auberge familiale. Il acquiert ses premiers rudiments de culture musicale auprès de l'orchestre de son village, et finira diplômé de l'école d'orgue de Prague. Il sera ensuite altiste dans un orchestre, puis se consacrera uniquement à la composition en donnant pour vivre des leçons particulières.

Sa première série de 8 Danses Slaves (op.46), composée en 1878, a largement contribué à sa notoriété. Elle est constituée de pièces originales composées sur des rythmes de danses populaires. Il en composera une deuxième série de 8 en 1886 à la demande de son éditeur (op.72).

Pour la maman de Fifi qui brûle d'impatience : Antonín Dvořák est mort brutalement à 63 ans, d'une congestion cérébrale (on dirait aujourd'hui AVC).


vendredi 9 décembre 2011

La Marche Slave (Tchaïkovsky)

Allez, c'est (déjà) reparti : les partitions d'orchestre pour le prochain spectacle de fin d'année commencent à arriver. Même s'il reste encore six mois avant la date fatidique, autant se mettre d'ores et déjà le maximum de trucs dans l'oreille, ça ne peut pas faire de mal.

Attaquons donc courageusement avec la Marche Slave de Пётр Ильич Чайковский. Oh pardon. Piotr Ilitch Tchaïkovsky. Quant à savoir s'il faut écrire "Tchaïkovski" ou "Tchaïkovsky", d'après ce que j'ai pu lire ici ou là, ça serait "ski" pour les noms polonais et "sky" pour les noms russes, et notre ami Piotr était russe, donc sky. Sans garantie, car je n'ai aucune notion de quelque langue slave que ce soit.

Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840-1893) est un compositeur russe de l'époque romantique. Pianiste, il enseigne l'harmonie au Conservatoire de Moscou. Il sera chef d'orchestre à partir de 1886. Il meurt en 1893 du choléra ou par suicide, on ne sait pas très bien (j'essaierai dorénavant de toujours préciser les causes de la mort des compositeurs, car cela intéresse beaucoup la maman de Fifi).

La musique de Tchaïkovski  couvre tous les genres, mais  il est particulièrement inspiré pour les symphonies, les suites et les concertos. Il ajoute une dimension symphonique à la musique de ballet, auparavant considérée comme un genre mineur. Il reste la figure marquante du romantisme russe du XIXe siècle.

La Marche Slave a été composée en octobre 1876. Elle est à l'origine en Sib mineur, ce qui n'est pas le cas de notre arrangement qui est lui, en Fa mineur.

Elle fut composée sur commande de la Société de Musique russe pour un concert de charité de la Croix-Rouge au profit des victimes serbes de la guerre russo-turque. Au travers de sa Marche Slave, Tchaïkovski glorifie la Serbie pour avoir été présente aux côtés de la Russie dans le conflit.

La Marche russo-serbe (renommée plus tard Marche slave) débute par trois mélodies empruntées au folklore serbe. L'hymne impérial russe, Dieu Sauve le Tsar clôt cette œuvre (il paraît). Son exécution durant environ 10 minutes, nous n'en jouerons donc évidemment qu'un extrait.
 

vendredi 2 décembre 2011

Musique animalière (2)

Poursuivons notre tour d'horizon musico-zoologique. Parmi tous les animaux susceptibles d'inspirer les musiciens, il est une danseuse dont la grâce me paraît particulièrement digne d'être mise en notes : c'est l'abeille.

Nous écouterons donc deux œuvres inspirées par notre amie, et tout d'abord Les Abeilles de François Couperin.

François (1668-1733), dit "Le Grand" pour ne pas le confondre avec d'autres membres de son illustre famille [Tonton Louis (1626-1661), claveciniste et gambiste, mais aussi Papa Charles, organiste et claveciniste, Marguerite-Antoinette, claveciniste, Marguerite-Louise, soprano et claveciniste, Nicolas, Armand-Louis, Pierre-Louis, Gervais-François, Célestine-Thérèse et Marie-Madeleine, organistes - j'en oublie certainement], est donc le plus illustre membre de la famille Couperin, en particulier par son œuvre pour le clavecin - consistant en quatre livres publiés entre 1707 et 1730 - qui fait sa gloire et le fait considérer, avec Rameau, comme le grand maître de cet instrument en France. Son traité L'art de toucher le clavecin, publié en 1717, est une source précieuse concernant son enseignement ainsi que l'interprétation au XVIIIe siècle.






Changeons maintenant d'époque, de style et d'instrument avec L'Abeille de Franz Schubert (1797-1828), compositeur autrichien, violoniste, pianiste et chef d'orchestre, beaucoup plus connu comme ichtyologue que comme entomologiste.
Vous pourrez noter que l'abeille de Franz est un peu plus excitée que celle de François.


mardi 29 novembre 2011

Montserrat Figueras (1942-2011)

La semaine dernière, est morte à soixante-neuf ans la chanteuse catalane Montserrat Figueras, épouse de Jordi Savall. Les biographies et les hommages fleurissant sur le net à cette occasion (par exemple ici), je n'en écrirai pas un de plus mais je vous propose juste d'écouter sa voix.

Je n'ai choisi qu'une vidéo parmi son vaste répertoire, consacré à la musique ancienne, car après l'avoir écoutée, je n'avais plus envie de rien d'autre... Il s'agit d'une berceuse catalane, "Mareta no'm faces plorar" (Maman ne me fais pas pleurer), datant environ de 1700.



J'ai préféré l'écouter sans regarder les images, et même en fermant les yeux... ce qui convient très bien pour une berceuse.

Mareta, mareta, no'm faces plorar,
          Maman, maman, ne me fais pas pleurer,
compra'm la nineta avui qu'es el meu sant.
          Achète-moi une poupée car aujourd'hui c'est ma fête.
Que tinga la nina hermosos els ulls,
          Qu'elle ait de beaux yeux,
la cara molt fina i els cabells molt rull.
             Un joli visage et des boucles plein les cheveux.

Marieta, Marieta jo es cantaré
              Marieta, Marieta, je lui chanterai
una cançoneta que ta adormiré.
              une chansonnette et je t'endormirai.
Dorm-te, neneta, dorm si tens son.
              Endors-toi, petite, dors si tu as sommeil.
Dorm-te, neneta, dorm si tens son.
              Endors-toi, petite, dors si tu as sommeil. 

samedi 26 novembre 2011

Aux origines de cette Folie

Je conçois que cela puisse commencer à ressembler à une obsession, mais il faut dire que le sujet est encore loin d'être épuisé (contrairement à une pitoyable flûtiste de ma connaissance). Attendez-vous donc à le voir encore resurgir de temps à autre. Et ne vous plaignez pas, j'aurais pu me passionner pour l'opéra contemporain (excusez-moi de me laisser aller, le traumatisme est encore récent).

Je vais donc aujourd'hui vous parler de Rodrigo Martinez. Lequel n'est pas un joueur de foot sud-américain (ou alors peut-être, le patronyme étant vraisemblablement plutôt répandu, mais à mon insu) (après vérification, Rodrigo Martinez est bien un footballeur urugayen, mais ce n'est pas de celui-là dont il est question dans cet article) (suite à confusion de la part d'une certaine personne, je précise que Rodrigo Martinez n'est pas le compositeur de la chanson) (ou alors peut-être, le patronyme étant vraisemblablement plutôt répandu, mais à mon insu).

Comme je vous le disais ici, le thème de La Folia aurait fait son apparition au Portugal au XVe siècle. On en trouve mention pour la première fois dans divers documents portugais de la fin du XVe siècle, entre autres dans les pièces du créateur du théâtre de la Renaissance au Portugal, Gil Vicente, dans lesquelles elle est associée à des personnages populaires, bergers ou paysans en général, occupés à danser et à chanter avec énergie (d'où son nom de "Folia" qui signifie à la fois "amusement débridé" et "folie" en portugais). En outre, les chroniques portugaises de l'époque font constamment référence à des groupes de paysans priés de venir danser la Folia dans les châteaux de la haute noblesse à l'occasion de fêtes et d'évènements tels que mariages et naissances.

On en trouve une variante primitive dans la chanson de berger "Rodrigo Martinez", du Cancionero de Palacio, qui est un recueil de plus de quatre cents chansons espagnoles, datant des années 1474-1516 et qui représente une abondante source de ce qui s'entendait au début du XVIe siècle à la Cour des « Rois Catholiques » d'Espagne, Isabelle Iére de Castille et Ferdinand II d'Aragon.






J'ai failli vous dispenser de l'écoute de la version chantée, et puis finalement, non, y a pas de raison, tout le monde doit y avoir droit. Enjoy !



Rodrigo Martinez
les oies, hé !
pensant que c'étaient des vaches,
il les sifflait. Hé !

Rodrigo Martinez,
si beau garçon,
tes oisons,
le fleuve les emporte.
Ohé !
Pensant que c'étaient des vaches,
il les sifflait. Hé !

Rodrigo Martinez,
si vigoureux,
tes oisons,
le pré les emporte.
Ohé !
Pensant que c'étaient des vaches,
il les sifflait. Hé !

vendredi 18 novembre 2011

Encore un peu de folie ?

Nous sommes toujours plusieurs à consacrer une bonne partie de notre travail instrumental à La Follia de Corelli, alors pour changer un peu et renouveler nos sources d'inspiration, je me suis mise en quête de versions "alternatives" de la chose. Je pensais trouver pléthore de vidéos délirantes impliquant toutes sortes d'instruments plus inattendus les uns que les autres, eh bien non ! N'étant cependant pas revenue complètement bredouille, je vous livre le résultat de mes recherches. On s'accroche, ça peut être... surprenant ;-)

Commençons donc par le saxophone. L'association saxo / viole de gambe / théorbe peut surprendre, mais le résultat ne manque pas d'intérêt.




Après cette petite mise en ouïe, attaquons directement la version mandoline(s)(ss)(ssssssssss). Attention, ça peut être assez violent par moments. C'est pas grave si vous ne tenez pas les 13 minutes, mais en tous cas ça a l'air très joli, la Macédoine.



(Je suis sympa, je vous épargne la version à la flûte de Pan, mais si vous y tenez particulièrement, c'est là : La folia Corelli Panflute Susumu Otsuk)

(Ah, il y a aussi une version violon / harpe / pinceau - personnellement j'aurais pas choisi le vert ; pour écouter le dentiste, c'est par là : A Dentist Played Corelli La Folia part I )


Ma préférée est la suivante, qui m'a bien fait rire (sans vouloir absolument m'inspirer de l'interprétation, par contre) :




Allez, la "meilleure" pour la fin (parfois, 10 petites minutes peuvent paraître trèèèèèèès longues...) (en même temps, si jamais l'une d'entre nous oublie sa flûte à l'audition...) (et aussi, si quelqu'un peut m'expliquer pour les poireaux ?) :

jeudi 10 novembre 2011

Musique animalière (1)

Inaugurons une "nouvelle" série avec les animaux dans la musique. Pas si nouvelle que ça en fait, car vous avez déjà eu droit au Coucou de Louis-Claude Daquin et à Pierre et le loup de Prokofiev (j'en oublie même peut-être). En fait, les différentes espèces animales sont assez bien représentées dans la création musicale et nombreux sont les compositeurs qui ont tenté avec plus ou moins de représentativité d'imiter les cris et attitudes de nos amies les bêtes.

Aujourd'hui, nous allons découvrir (ou re-découvrir, pour les plus mélomanes d'entre nous) La Poule de Jean-Philippe Rameau.

Jean-Philippe Rameau (1683-1764) est un compositeur français et théoricien de la musique. Son père était organiste à Dijon, et il paraît que le petit Jean-Philippe connaissait le solfège avant de savoir lire et écrire. Il est célèbre (sans parler de sa musique elle-même) pour ses traités d'harmonie, qui font toujours référence aujourd'hui, et pour son hostilité à l'influence de la musique italienne qui donnera lieu à la fameuse Querelle des Bouffons qui l'opposera en particulier à Jean-Jacques Rousseau.


Allons-y pour une première version piano (l'interprète Grigory Sokolov est assez... décoiffant) :




Au clavecin, maintenant ! C'est bien sûr l'instrument d'origine, et je trouve que c'est encore plus évocateur qu'au piano (bon, la poule paraît un peu speed par moments et je me demande si elle n'a pas fini en marmite car la fin est un peu... violente).




Ici, nous avons la version "poulailler Grand Siècle" avec son sextuor à cordes :




Pour finir, au cas où vous n'auriez pas réussi à visualiser l'animal, une petite animation (je ne vous dévoile pas la fin, qui n'est pas tout à fait celle que j'avais imaginée) :

dimanche 16 octobre 2011

Soyons (complètement) fous !

Voyant sur ma partition fraîchement reçue de La Follia de Corelli que l'arrangement était signé Hans-Martin Linde, j'ai tapé ces quelques mots sur Youtube et... je pense, chères collègues flûtistes de 2e cycle, que nous pouvons nous estimer heureuses de ne pas avoir à travailler aussi Una Follia Nouva d'Hans-Martin, bien qu'elle ne soit pas dénuée d'intérêt... je vous laisse juger par vous-mêmes :

jeudi 6 octobre 2011

Soyons fous !

L'éventualité ayant été évoquée que toute la joyeuse bande de flûtistes à bec de 2e cycle s'attaque à La Follia de Corelli, avec un nombre de variations proportionnel aux années de pratique, je n'attendrai pas que cette présomption devienne réalité pour vous la faire entendre, parce que si je ne l'ai pas fait plus tôt, c'est sans doute un oubli.

Bon, je vous le dis franchement, on s'attaque à quelque chose de fourni, et on pourrait passer pas mal d'heures à écouter la foultitude de versions de ce tube qui déchire tout depuis le XVe siècle (je ne sais pas combien j'en ai écoutées pour écrire cet article mais je frôle un peu l'indigestion).

Ce thème archi-connu, l'un des plus anciens thèmes musicaux européens, aurait donc fait son apparition pour la première fois au Portugal au XVe siècle, la Folia étant alors une danse populaire bruyante et rapide. Cette musique de folie connaît ensuite un grand succès en Espagne, pour essaimer au cours des deux siècles suivants dans toute l'Europe sous le nom de Folies d'Espagne, sous une forme beaucoup moins effrénée.


C'est Lully qui les fait connaître en France vers 1670, initiant un engouement qui ne se démentira pas au fil des siècles. Un nombre incroyable de compositeurs, célébrissimes ou plus obscurs, vont s'y coller, soit sous formes de variations directement sur un thème bien stabilisé, soit s'en inspirant : Lully, François Couperin, Corelli, Marin Marais, Scarlatti, Vivaldi, Bach (Jean-Seb), Haendel, Carl Philip Emanuel Bach, Salieri, Paganini, Liszt, Rachmaninov... la liste est loin d'être exhaustive (il y en a au moins 150 !), et ça continue encore de nos jours !


Comme je suis gentille (si si), je vous en ai choisi un "petit échantillon" (pas si petit que ça d'ailleurs, c'est vraiment difficile de faire une sélection), pas forcément des plus connues. Vous pourrez toujours aller écouter les autres sur Youtube (rendez-vous ici dans un an ou deux).


Tout d'abord, puisque c'est celle qui nous concerne, voici l'interprétation que fait notre vieil ami Frans Brüggen de La Follia version Corelli (1653-1713) : léger, délicat, virevoltant et... virtuose.




D'autres variations pour la flûte à bec, de Paolo Benedetto Bellinzani (1619-1684) :




Une dernière version pour flûte à bec : celle de Tomaso Antonio Vitali (1663-1745), qui fait son intéressant en n'exposant le thème qu'après plusieurs variations (je ne vous dis pas quand, eh oh, où serait la surprise ?).




A tout seigneur tout honneur, écoutons maintenant ce qu'en a fait Giovanni Battista Lulli (1632-1687) (un peu pompeux, mais bon, c'est du Lully, on l'aime bien quand même) :




J'ai un faible pour la version de Michel Farinel (1649-1726) :




On ne peut quand même pas se priver de Marin Marais (1656-1728) (ni de Jordi Savall) !




Francesco Petrini (1744-1819), pour la harpe :




Pour les contemporains, j'ai choisi Gregorio Paniagua (né en 1944), sur instruments anciens :




Enfin, par curiosité, Karl Jenkins (né lui aussi en 1944), variations pour marimba et orchestre (les cordes sont vraiment trèèèès sirupeuses) (et c'est une spécialiste de la guimauve qui vous parle) :



Il paraît que le thème a aussi été utilisé par Vangelis pour la musique du film 1492 (Conquest of the Paradise), mais là mon oreille me lâche (la traîtresse) et j'avoue humblement que je ne parviens pas à reconnaître quoi que ce soit.

dimanche 18 septembre 2011

Tous aux barricades !

Encore une pièce contemporaine ! Si je ne me surveille pas, je vais finir par aimer ça !

Je vous propose aujourd'hui Les Barricades, composée en 1989 par Matthias Maute, flûtiste à bec et compositeur allemand né en 1963. Il est aussi le directeur artistique de l'ensemble Caprice, dont vous pouvez aller écouter quelques extraits de cédés ici (j'ai particulièrement aimé "Telemann et les gitans baroques" - waouh le son... brillant ! - et "Les Sept Sauts") (et il y a même une Gnossienne de Satie à la flûte à bec... intéressant).

Je vous laisse écouter et on en reparle après...



Assez prenant, n'est-ce pas ?

Mais pourquoi ce titre, "Les Barricades" ?

L'origine en est un rondeau pour clavecin composée par François Couperin en 1717, "Les Baricades Mistérieuses". Couperin avait pour habitude de donner des titres énigmatiques et poétiques à ses pièces (comme "Les coucous bénévoles", "Les Trésorières Surannées",...) qui font peut-être référence à des jeux de mots courants à son époque. Le terme "barricades" pourrait être une métaphore évoquant les cils des dames ou même leurs corsets, ou bien une référence à la forme musicale de la pièce dont les mains gauche et droite, au vu de la partition, forment des enchevêtrements faisant penser à une barricade. On n'est sûr de rien cependant et les hypothèses sont nombreuses...

Écoutons donc l'interprétation qu'en fait György Cziffra (j'ai choisi une version piano plutôt que clavecin que je trouve finalement moins agréable) :



Cette pièce a inspiré de nombreux musiciens contemporains, tout au moins par son titre qui a également été utilisé par plusieurs poètes, écrivains et même peintres.

 The mysterious barricades de René Magritte (1961)

Mysterious Barricades de William Andrews (2003)

vendredi 9 septembre 2011

Coucou !

Je suis tombée au hasard de mes errements webiens sur ce petit morceau fort sympathique : Le Coucou, apparemment archi-connu mais que je n'avais jamais entendu et dont je ne connaissais pas non plus le compositeur : Louis-Claude Daquin.

Louis-Claude d’Aquin, ou Daquin (1694-1772), est un donc un compositeur, organiste et claveciniste français, du genre virtuose, de l’époque baroque. Son vrai nom est d’Aquino, trafiqué pour cacher ses origines italiennes, comme avant lui Lully (Lulli en VO) (en France on aimait bien tout ce qui venait d’Italie, mais porter soi-même un nom italien n'était pas très bien vu).

Le petit Louis-Claude débute une carrière d’enfant prodige en étant présenté à la cour de Louis XIV à l’âge de six ans, comme Élisabeth Jacquet dont il est le filleul.

Il devint par la suite organiste à la Chapelle Royale et à Notre-Dame de Paris. Ses improvisations déchaînaient les foules, au point que la police était parfois obligée d'intervenir pour remettre de l'ordre dans les rues de Paris les soirs où il jouait !

samedi 2 juillet 2011

Shakuhachi

Sortant hier mes devoirs de vacances de mon sac (oui je sais ils y étaient depuis lundi mais je n'ai fait depuis qu'errer de goûter en goûter), quelle ne fût pas ma stupeur de découvrir, écrit sournoisement en tout petit en haut à droite de ma partition pour flûte ténor, "Sankai Melody", "This piece is to be played 'Shakuhachi' style". Il est d'ailleurs fort possible que je ne sois pas la seule concernée.

Ceci mérite bien un article, sans doute !

Le shakuhachi est une flûte traditionnelle japonaise en bambou, venue de Chine aux environs du 6e siècle. Elle était utilisée comme simple instrument de musique jusqu'au 9e siècle, où elle fût retirée des orchestres suite à une réforme de la musique.
Le shakuhachi fut réintroduit au 13e siècle, cette fois comme instrument religieux, par l'ordre bouddhiste Fuke.

Le nom "shakuhachi" provient de la taille de l'instrument (1,8 pieds) : "shaku" vaut un pied japonais (soit 30,3 cm) et "hachi", huit dixièmes de pied, ce qui donne en tout environ 55 cm (10 cm de moins à peu près qu'une flûte ténor).

Le shakuhachi est taillé dans une tige de bambou dont l'intérieur est laqué, et présente 5 trous dont un à l'arrière. C'est un instrument pentatonique (= 5 notes), sans demi-tons.

L’embouchure du shakuhachi présente un bord biseauté, permettant au joueur de contrôler très finement la hauteur du son, en un mouvement d’abaissement ou de montée de l’instrument, par rapport à l’axe des lèvres.

Il existe plusieurs écoles pour le style de jeu.


J'ai écouté plusieurs vidéos, mais je trouve celle ci-dessous tellement belle que je n'ai pas envie d'en mettre d'autre...

La musique est jouée par un Komusō  (moine mendiant et itinérant de l'école Fuke du bouddhisme zen, pendant la période d'Edo entre 1600 et 1868) (mais celui-là est sans doute beaucoup moins vieux).

Le Komusō était caractérisé par un panier de paille (en jonc ou en roseau, appelé tengai) porté sur la tête, manifestant l'absence d'ego spécifique en masquant son identité. On peut d'ailleurs traduire Komusō par "prêtre du non-être", ou "moine de la vacuité".

Je trouve très beau sur la vidéo le contraste entre la musique au premier plan et le vacarme de cette rue d'une grande ville, qu'on ne fait presque que deviner.

Les Komusō étaient donc aussi connus pour leurs morceaux solo de shakuhachi. Ces pièces, appelées honkyoku ("pièces originales") étaient jouées pendant une pratique méditative appelée suizen, pour l'aumône, comme méthode pour atteindre l'illumination, et comme procédé de guérison.

Après la période Edo, le gouvernement japonais introduisit des réformes, abolissant la secte Fuke. Le répertoire musical a survécu, et a été rejoué au XXe siècle.



"Ma vie est apparue comme la rosée
Et disparaît comme la rosée"
Toyotomi Hideyoshi, 16e s.



C'est évidemment très différent de souffler dans une flûte à bec "façon shakuhachi" et dans un vrai shakuhachi, en particulier, l'ouverture de ce dernier étant beaucoup plus large, j'imagine qu'il est plus difficile de diriger précisément le souffle (comme dans une bouteille de lait vide, qu'ils disent, euh, je fais jamais ça moi d'habitude ?!?).



La deuxième vidéo est en anglais, vous n'êtes pas obligé(e)s de tout écouter, c'est seulement pour voir à quoi ressemble une partition pour shakuhachi (au Japon, la façon de noter la musique n'est pas unique comme chez nous, mais dépend de l'instrument).



La partition se lit de droite à gauche et de haut en bas. Les caractères indiquent les notes, mais aussi les respirations et les tempi.

dimanche 26 juin 2011

La musique sérielle (1) : comment en est-on arrivés là ?

Bon, depuis le temps que je réclame et que personne ne se dévoue, j'ai décidé de prendre le hérisson par les piquants le taureau par les cornes et de faire appel à THE international specialist de l'affaire : l'éminente musicologue Leona von S., qui nous livre aujourd'hui quelques miettes de son immense culture musicale. Leona, c'est à vous.


Oui, hmm hmm, bon alors, la musique sérielle, comme son nom l'indique, est une musique basée sur une règle de composition simple : la répétition d'une suite de notes déterminée au début du morceau. Ah ! ça paraît simpliste au premier abord, mais en fait, pas tant que ça !

D'abord un petit historique. Je vais essayer de ne pas faire trop long, car c'est le genre de sujet qui n'a l'air de rien, mais quand on tire sur le bout de la ficelle, c'est toute la pelote qui vient avec. On pourrait penser que l'histoire de la musique sérielle commence avec la musique sérielle, mais c'est comme pour les révolutions, s'il y a révolution, c'est qu'il y a quelque chose à révolutionner. Je ne suis pas sûre d'être très claire.

La musique que nous connaissons tou(te)s le mieux, grâce aux efforts démesurés de nos professeurs de formation musicale, et aussi au fait que nous avons baigné dedans depuis qu'on est tout(es) petit(e)s, c'est la musique tonale. Vous avez tou(te)s à l'esprit ces questions perfides délicates à la découverte d'un morceau : "en quelle tonalité on est ?", "comment tu chiffrerais cet accord ?", etc... etc... et ça dure depuis des siècles ! Disons, à peu près... cinq.

Schönberg schönen Berg
Alors forcément, il arrive un jour où quelqu'un se dit qu'il devient vraiment difficile de faire du neuf avec du vieux, et qu'il va falloir trouver quelque chose de carrément différent. Ce quelqu'un en l'occurrence, c'est Arnold Schoenberg : en 1923, il invente le sérialisme dodécaphonique (dodécaphonique = douze notes). Mais attention ! Notre ami Arnold n'est pas un jeune voyou qui déboule comme un hérisson dans un lâcher de ballons un chien dans un jeu de quilles en reniant l'héritage de ses ancêtres ! Bien au contraire (si j'osais je dirais même que c'est une jeune pousse sur un vieux Rameau ah ah ah) !

Schönberg
Arnold Schönberg, né à Vienne en 1874, a commencé sa carrière comme compositeur romantique, fervent admirateur de Wagner et de Brahms. Analyste et théoricien dans l'âme, il constate que l'évolution de la musique à l'issue du romantisme amène petit à petit à une sorte d'éclatement de la tonalité, avec des successions de modulations de plus en plus décoususes rapides, des tas de notes étrangères aux accords, des dissonances de plus en plus insupportables audacieuses... De là à tenter de s'affranchir complètement de la tonalité, il n'y a qu'un pas, qu'Arnold franchit donc allègrement en fixant ses règles de la composition sérielle, afin de mettre un peu d'ordre dans ce joyeux bazar post-tonal. Un peu de rigueur, que diable !

Le principe de base est donc le suivant : toutes les notes sont égales (je vous l'avais bien dit que c'était révolutionnaire !), aucune d'entre elles ne doit pouvoir être suspectée d'être une tonique, donc se répéter plus de fois que les autres. La solution : utiliser les douze notes de la musique occidentale (si si, comptez bien, il y en a douze), dans un ordre déterminé une fois pour toutes pour un morceau donné : la série.


Bien sûr, avec ça, il faut quand même pouvoir faire de la vraie musique... mais nous verrons ceci dans un prochain épisode, car c'est dimanche et notre chère Leona souhaite passer cette journée en famille, qu'elle a fort nombreuse et j'ai pas envie de la payer en heures supp'.

Épisode suivant

samedi 18 juin 2011

La musique de Barbe-Bleue

Au départ, la maman de Fifi m'avait demandé de mettre Greensleeves sur le blog, j'avais répondu que bof, Greensleeves, tout le monde connaît...

Henri VIII enfant
Mais d'un autre côté, hormis le fait que c'est quand même très agréable à entendre, ça me donne l'occasion de parler d'un personnage assez... paradoxal : Henri VIII d'Angleterre, le roi aux six femmes dont deux ont été décapitées sur son ordre (Anne Boleyn et Catherine Howard), deux ont été répudiées (Catherine d'Aragon et Anne de Clèves) et deux sont mortes en couches (Jeanne Seymour et Catherine Parr, mais pour cette dernière il n'y est probablement pour rien, étant déjà mort lui-même depuis un an).

C'est Henri VIII (1491 - 1547) qui a inspiré le personnage de Barbe-Bleue à Charles Perrault (allez savoir pourquoi, ce n'est quand même pas à cause de la couleur de sa barbe ?).

Notre ami, cruel et jaloux, avait donc une fâcheuse tendance à faire décapiter les gens, mais il avait néanmoins des aspects plus sympathiques. N'étant pas au départ censé régner car il avait un frère aîné (Arthur, mais il est mort), il était destiné à l'Eglise (catholique, à l'époque - ce n'est que plus tard que Henri fera basculer l'Angleterre vers l'anglicanisme, c'est la faute au pape qui lui a refusé le divorce avec Catherine d'Aragon) et c'est pourquoi il reçut une éducation musicale.

Lorsqu'il monta sur le trône en 1509, la musique prit une place très importante à la cour. Vers 1547, Henry VIII y avait rassemblé environ cinquante-huit musiciens.  Il éprouvait lui-même beaucoup de plaisir à chanter et à jouer de la musique, il jouait de l'orgue, du luth et de l'épinette (comme quoi, personne n'est complètement mauvais). Trente-quatre de ses compositions sont parvenues jusqu'à nous.

C'est peut-être lui qui aurait écrit le texte de Greensleeves en l'honneur d'Anne Boleyn (qui serait donc cette "Dame aux manches vertes" ?), mais on n'en a pas la preuve.
Le compositeur de la musique est anonyme, dommage pour lui car son tube a traversé les siècles (en aviez-vous reconnu le thème dans la chanson Amsterdam de Jacques Brel ?).

En voici donc quelques versions... on a l'embarras du choix !

Jordi Savall et viole de gambe :  
Greensleeves to a ground (ground = basse obstinée en anglais)




Une version à la flûte à bec, quand même ! C'est Hans Martin Linde à la flûte, oui oui, celui-là.
(L'esthétique de la vidéo est discutable, mais c'est pas grave, vous n'aurez qu'à fermer les yeux)





Mais éloignons-nous des sentiers trop battus pour écouter deux courtes compositions d'Henri pour la flûte à bec (il paraît qu'à sa mort il en possédait 76 !) :




Et pour finir, un autre tube, paroles et musique d'Henri cette fois, composé peu après son couronnement : "Pastime with good company", ou "The King's Ballad" (je vous préviens, ça reste un peu dans la tête...).

Une version instrumentale :



Une version vocale :



Pour passer le temps,
Chasser, chanter, danser ;
Mon coeur est ouvert ,
Pour mon agrément,
Aux meilleurs divertissements ;
Qui me l’autorisera ?

La jeunesse doit quelque peu badiner,
Avoir du bien et du mal de l’expérience ;
Rien de meilleur dès lors que la compagnie,
Pour dissiper toute pensée, toute fantaisie,
Car la paresse de tout vice
Est la mère
Qui peut donc prétendre
Que rire et plaisir
Valent plus que tout ?


La compagnie en toute honnêteté est vertu,
Tout vice appellera refus ;
La compagnie est bonne et mauvaise chose à la fois,
Mais tout homme en a le libre choix,
Poursuivre le meilleur,
Fuir le pire,
Tel sera mon dessein ;
Cultiver la vertu,
Refuser le vice,
Ainsi me comporterai-je ?



Et enfin une version (presque) contemporaine (contemporaine de la maman de Léone, en tous cas), celle de Jethro Tull, groupe de rock des années 60 (si si, c'est bien, vous allez voir !) :

lundi 13 juin 2011

Ende

Cette pièce contemporaine a été jouée cette année à l'examen de fin de 2ème cycle, et voilà qu'elle vient maintenant enrichir le répertoire de deux de nos camarades !

"Ende" a été composée en 1981 par Louis Andriessen, pour deux flûtes à bec alto jouées par un seul flûtiste.

Louis Andriessen (à ne pas confondre avec son père Hendrik, son frère Jurriaan, sa sœur Cæcilia et son oncle Willem, tous compositeurs) est un compositeur néerlandais né en 1939 à Utrecht (réjouissez-vous petites chanceuses, vous jouez de la musique vivante !).


Après avoir expérimenté le sérialisme (alors ? j'attends mon article, toujours pas de volontaire ?), la musique d'Andriessen s'est détachée de l'avant-garde des années 1950, pour se référer plutôt au jazz, à Stravinsky son grand modèle, au travail rythmique des répétitifs américains (fondé sur la répétition de très courts motifs mélodiques, harmoniques ou rythmiques, voire sur la répétition d'un son unique, ce qu'on retrouve d'ailleurs dans Ende), et retrouver une harmonie consonante ou polytonale (superposition de deux ou plusieurs éléments musicaux appartenant chacun à une tonalité différente).  
Louis Andriessen est aussi attiré par l'opéra.


Ende étant dédicacée à Frans Brüggen, il était normal que je choisisse sa version (et ce n'est naturellement pas la pire que l'on puisse trouver, mais ça, je vous laisse l'imaginer...).

Comment nettoyer sa flûte en bois ?


Afin de venir en aide à une jeune flûtiste étourdie, qui a laissé le pense-bête écrit au creux de sa main se décalquer sur sa flûte en la chauffant (en plus maintenant c'est écrit à l'envers, sur la flûte !), nous inaugurons une nouvelle rubrique consacrée à l'entretien des flûtes à bec en bois.


Nous suivrons donc aujourd'hui les conseils de Vincent Bernolin, facteur de flûtes à bec (les commentaires qui ne sont pas en italiques ne sont évidemment pas de Monsieur Bernolin) :

Vous pouvez utiliser un chiffon légèrement imprégné d’eau savonneuse, mais non détrempé. 

Certains détachants textiles  peuvent être d’un grand secours pour éliminer les traces de doigts sur les flûtes en bois clair (ce qui est à mon avis à tester avec précaution ; V. Bernolin cite la marque "Hascherpur" dont je n'ai jamais entendu parler)

Si votre flûte n’est pas vernie et a un contact poisseux (ce qui est bien aussi, c'est de se laver les mains avant de jouer, surtout quand on a mangé des frites avec ses doigts, ou du nougat, ou les deux ; le brossage des dents est également profitable, afin d'éviter la propulsion accidentelle de résidus de nourriture dans le canal) , vous pouvez utiliser de l’acétone ou de l’essence F sur les bois européens (j'imagine que ce qu'il entend par "bois européen" est un bois existant en Europe, même s'il a en réalité poussé ailleurs, ce qui paraît difficile à savoir)


Note : l'essence F est commercialisée en grande surface ou magasin de bricolage en bouteille d'un litre. La mention "Essence F" figure toujours sur le flacon mais parfois à l'arrière et en petit. La dénomination commerciale peut être "détachant textile taches grasses" ou "essence à nettoyer". Si la mention "Essence F" ne figure pas sur le flacon, le produit en question est un autre mélange et ne peut pas s'y substituer.




Dans tous les cas, n’hésitez pas à cirer la flûte immédiatement après.

Vous pouvez cirer l’extérieur de votre flûte avec de la cire d’abeille liquide (la cire, pas l'abeille) pour les meubles, ce qui la protégera des taches et des traces de doigts. Je vous conseille les cires de marque Johnson ou Libéron (cire d'antiquaire). Procédez par couche fine, et laissez sécher une heure. Essuyez soigneusement l’excédent avec une serviette éponge.


jeudi 2 juin 2011

Affligeant ? ou rassurant ?

Les japonais de chez Toyota ont inventé un robot qui "joue" du violon...

Ça peut faire peur, mais finalement n'importe quel petit musicien humain amateur fera toujours mieux, même si c'est un peu faux... 

Quant à l'intérêt de dépenser plein de temps et plein de sous pour faire ça, euh...

dimanche 22 mai 2011

Elisabeth et les préludes

 
Le thème de cette (très) prochaine audition de piano est : "Musiques Féminines".

A cette occasion, la maman de Fifi (qui est particulièrement chanceuse cette année quant au style musical de ses auditions) jouera "Tocade" d'Elisabeth Jacquet de la Guerre (et la maman de Léone lira une petite présentation de la composi... trice, encore un féminin bâclé, mais enfin que font donc nos immortels ???).


«Sa Majesté parla à Mlle de La Guerre, d’une manière très-obligeante, & après avoir donné beaucoup de loüanges à ses Sonnates, elle luy dit qu’elles ne ressembloient à rien. On ne pouvoit mieux loüer Melle de La Guerre, puisque ces paroles font connoistre que le Roy avoit non seulement trouvé sa musique très-belle ; mais aussi qu’elle est originale, ce qui se trouve aujourd’huy fort rarement. » 
 C’est ainsi que le Mercure Galant d’août 1707 rapporte la réception des sonates d’Elisabeth Jacquet de La Guerre par Louis XIV.

Chanteuse et claveciniste, née dans une famille de musiciens (son père était facteur de clavecins et organiste), Elisabeth Claude Jacquet (1665-1729) eut droit, dès son plus jeune âge, à une éducation musicale alors réservée à l’aîné de la famille. Son père, qui est aussi son premier professeur, la présente à 5 ans à Louis XIV, qui l’encourage à «cultiver le talent merveilleux que lui a donné la Nature» et l’attache au service de sa favorite Madame de Montespan. Elisabeth reste à la Cour jusqu'à son mariage en 1684 avec un organiste et claveciniste célèbre, Marin de La Guerre.

Elle publie en 1687 son Premier Livre de Pièces de Clavessin, dédié à Louis XIV, qui présente en particulier des préludes non-mesurés, héritage de Louis Couperin (1626-1661), lui-même inspiré par la tradition des luthistes.

Les premiers préludes non-mesurés apparaissent à la Renaissance. Ce sont de courtes pièces improvisées par le luthiste, habituellement jouées comme introduction pour vérifier l'accord de l'instrument.

Prélude non-mesuré de Louis Couperin

Les préludes non-mesurés ne comportent ni barres, ni indications de mesure. Dans la plupart d'entre eux, la notation est exclusivement composée de rondes, avec de larges traits de liaison employés pour indiquer l’organisation et la durée possible des notes. Dans ses préludes non-mesurés, Elisabeth Jacquet de La Guerre utilise une combinaison de rondes, de noires et de croches. On ignore l’exacte relation entre la valeur des notes puisqu’elles sont écrites dans un cadre sans mesure. Ces préludes visent à obtenir une interprétation très personnelle à chaque exécution, mais quelle que soit l’interprétation de chacun, ils doivent paraître cohérents du point de vue harmonique et mélodique, tout en ayant l’air d’être improvisés spontanément.

Le répertoire d'Elisabeth comprend des pièces de clavecin, mais aussi trois opéras, un Te Deum, des sonates pour violon et clavecin et des cantates. Elle fut la première à introduire le genre de la cantate sacrée en France. Elle fut également une des premières à composer un opéra-ballet. Elle fut enfin la première femme à voir une de ses œuvres jouée à l’Académie Royale.


Prélude de la suite en La mineur




Sonate pour violon et basse continue en ré mineur (aria)




Ouverture de l'opéra "Céphale et Procris"


(on m'aurait dit que c'était de Lully, je l'aurais cru...)

samedi 14 mai 2011

La flûte Paetzold

Mais non, ce n'est pas un gros mot !

Vous rappelez-vous cette grosse flûte carrée en bois de meuble, à gauche de l'écran sur la dernière vidéo ?
Eh bien c'est elle, c'est la flûte Paetzold ! Je devrais plutôt dire une flûte Paetzold, car comme pour nos instruments familiers, il y en a de plusieurs tailles : Basse (en Fa), Grande Basse (en Do), Contrebasse (en Fa), Sous Grande Basse (en Do) et Sous Contrebasse (en Fa).

La flûte à bec carrée Paetzold a été conçue au milieu des années 1970 par le facteur de flûte allemand Joachim Paetzold (d'où son nom !).

Inspiré par l'orgue qui combine des tuyaux cylindriques et des tuyaux carrés, il eut l’idée, vers la fin des années 1950, de construire une flûte à bec carrée.
Il cherchait à développer un instrument jouable facilement sur deux octaves, avec une attaque rapide et surtout bon marché. Son prototype en contreplaqué donna un bon résultat, ce qui l’encouragea à continuer ses essais.
Au début des années 1970, il aboutit à une flûte carrée basse nettement améliorée, et il tenta en 1975 de développer une contrebasse, cette fois avec l’aide de son neveu Herbert. N'étant ni facteur d’instruments, ni même musicien, mais électrotechnicien et menuisier, ce dernier contribua au développement de la nouvelle flûte sans idées préconçues et sans être influencé par les traditions de la facture des flûtes à bec. En 1976, la première flûte carrée Paetzold fut brevetée et convainquit immédiatement les musiciens professionnels qui l’essayèrent : en 1977 Frans Brüggen commanda trois instruments pour son trio “Sour Cream”.

Peu de musiciens ont pour le moment exploré les possibilités de ces instruments, la plupart du temps en liaison avec un système électronique et souvent en improvisation : on est dans le contemporain "à pleins tubes"  (carrés) !

Mais je sens que vous mourez d'envie d'entendre ce que ça donne... En voici un petit aperçu :



Sur la vidéo suivante, vous pourrez voir une présentation de la sous-contrebasse, ce qui vous donnera de plus l'occasion de pratiquer votre anglais, puisque le Monsieur est allemand.



Pour ceux qui n'auraient rien compris (mais j'en doute !), cette flûte mesure 2 mètres 46 de haut, c'est pourquoi le Monsieur en joue dehors car chez lui c'est bas de plafond. Vous pouvez voir que son tuyau est replié sur lui-même (partie haute), sinon elle mesurerait plus de 3 mètres !

Si vous êtes intéressé par l'acquisition de l'une de ces flûtes (je vous préviens, c'est pas donné), il existe des modèles à la décoration cauchemardesque audacieuse... voyez plutôt :

jeudi 5 mai 2011

Opération déstockage (ça continue...)

Charades : solutions détaillées

Rubrique Compositeurs

Mon premier est poétique
Mon deuxième va par deux sur du blanc
Mon troisième est un instrument cynégétique
Mon quatrième est un anarchiste italo-américain
Mon cinquième compte le groupe dont fit partie mon tout
Mon tout est un compositeur du XIXe siècle



Nikolaï Andreïevitch Rimski-Korsakov, né le 18 mars 1844 à Tikhvine et mort le 21 juin 1908 à Lioubensk, est un compositeur et théoricien de musique russe. Il fut, avec Tchaïkovski, l'un des plus grands compositeurs russes de la seconde moitié du XIXe siècle. Il fit partie des cinq compositeurs appelés à créer « le Groupe des Cinq » (vous vous rappelez ? avec Modeste !), prônant une musique spécifiquement nationale basée avant tout sur les traditions populaires russes et détachée des standards occidentaux. Il fut également professeur de musique, d'harmonie et d'orchestration au Conservatoire de Saint-Pétersbourg.

Il est particulièrement connu pour sa tendance à utiliser des thèmes extraits du folklore populaire ou des contes, ainsi que pour ses remarquables talents en orchestration, qui lui valent souvent le titre de « magicien de l'orchestre ». Il eut une influence importante sur la plupart des compositeurs russes, mais aussi étrangers, de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle.

La vidéo présente un extrait de la suite symphonique Shéhérazade.



« Je n'aime pas le chagrin, les deuils, les messes commémoratives. Si vous voulez un jour penser à moi, quand je ne serai plus là, écoutez simplement ma musique... »

mercredi 4 mai 2011

Opération déstockage (suite)

Charades : solutions détaillées

Rubrique Danses

Mon premier est un prénom féminin
Mon second réunit les neveux de Picsou pour les désigner
Mon tout est une danse noble



La sarabande est une danse d’origine espagnole. Le terme serait dérivé du persan sarband (turban). D'abord endiablée, elle est ensuite devenue lente et noble, au bal et au théâtre, où elle était exécutée en couple, surtout en France aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Introduite en Espagne vers 1580, elle est populaire entre 1580 et 1610. Elle s'accompagne de castagnettes. La sarabande passe en France vers 1620, elle est encore rapide. La sarabande fait partie des quatre danses principales de la suite à l'âge baroque et se joue ordinairement après la courante. Elle précède en principe la gigue, mais avec possibilité d'intercaler entre elles certaines danses optionnelles ("galanteries") telles que : menuet, gavotte, bourrée, passepied, rigaudon, etc...



Cette sarabande est la quatrième danse de la suite n°6 en fa mineur pour clavecin, flûte ou violon, et basse continue de Charles Dieupart (1667-1740). Elle est précédée d'une courante et suivie d'une gavotte.

mardi 3 mai 2011

TWV BWV RV HWV K SSWV

A la vôtre !

Non mais, en vrai, vous ne vous êtes jamais demandé ce que signifiaient toutes ces lettres bizarres derrière les noms des œuvres ?

Fantaisie en do majeur TWV 40:2
Prélude BWV 536a
Concerto en ré majeur RV 209
Sonate en sib majeur HWV 357
Concerto pour hautbois K314

etc... etc...

Bon, prenons un exemple simple, disons... la sonate en do majeur. A votre avis, il y en a eu combien de composées dans l'histoire de la musique, des sonates en do majeur ? Alors de laquelle je parle, là ? 

Ah ! Je vois une petite main qui se lève, oui, une idée ? On pourrait préciser le nom du compositeur ? Oui ! Très bien ! Alors on va dire, la sonate en do majeur de Vivaldi. Et tu sais combien il en a composées, Vivaldi, des sonates en do majeur ? 

Encore une idée ? On peut aussi préciser pour quels instruments ! Mais bien sûr ! La sonate en do majeur de Vivaldi pour violon et basse continue. Très bien ! Mais... il aimait bien ça, Vivaldi, les sonates en do majeur pour violon et basse continue...

Alors on fait comment ?

Eh bien, on fait des catalogues.

Dans certains cas, comme pour Beethoven par exemple, l'éditeur a attribué aux œuvres un numéro d'opus ("oeuvre" en latin) au fur et à mesure de leur parution, nous avons donc un catalogue chronologique tout prêt. Pratique !

Mais ce n'est pas toujours le cas, alors à un moment d'astucieux (et courageux !) musicologues ont entrepris de classer les œuvres des compositeurs par genre ou chronologie, en leur attribuant un code.

Parfois, ces musicologues ont choisi leur initiale suivie d'un numéro. C'est le cas par exemple de Ritter von Köchel qui a classifié chronologiquement les œuvres de Mozart : Concerto pour hautbois K314.

D'autres, plus modestes, n'ont pas utilisé leurs initiales mais une abréviation, comme Monsieur Schmieder qui a préfixé les œuvres de Bach par les lettres BWV (Bach Werke Verzeichnis = Liste des œuvres de Bach).

Quelques exemples :

BWV : Bach Werke Verzeichnis
HWV : Haendel  Werke Verzeichnis
K : Mozart (pour Köchel)
PB : Boismortier (pour Perreau / Boismortier)
RV : Vivaldi (pour Ryom / Vivaldi, mais il existe d'autres catalogues pour Vivaldi)
SSWV : Samuel Scheidt Werke Verzeichnis
TWV : Telemann Werke Verzeichnis

et bien d'autres...