samedi 18 juin 2011

La musique de Barbe-Bleue

Au départ, la maman de Fifi m'avait demandé de mettre Greensleeves sur le blog, j'avais répondu que bof, Greensleeves, tout le monde connaît...

Henri VIII enfant
Mais d'un autre côté, hormis le fait que c'est quand même très agréable à entendre, ça me donne l'occasion de parler d'un personnage assez... paradoxal : Henri VIII d'Angleterre, le roi aux six femmes dont deux ont été décapitées sur son ordre (Anne Boleyn et Catherine Howard), deux ont été répudiées (Catherine d'Aragon et Anne de Clèves) et deux sont mortes en couches (Jeanne Seymour et Catherine Parr, mais pour cette dernière il n'y est probablement pour rien, étant déjà mort lui-même depuis un an).

C'est Henri VIII (1491 - 1547) qui a inspiré le personnage de Barbe-Bleue à Charles Perrault (allez savoir pourquoi, ce n'est quand même pas à cause de la couleur de sa barbe ?).

Notre ami, cruel et jaloux, avait donc une fâcheuse tendance à faire décapiter les gens, mais il avait néanmoins des aspects plus sympathiques. N'étant pas au départ censé régner car il avait un frère aîné (Arthur, mais il est mort), il était destiné à l'Eglise (catholique, à l'époque - ce n'est que plus tard que Henri fera basculer l'Angleterre vers l'anglicanisme, c'est la faute au pape qui lui a refusé le divorce avec Catherine d'Aragon) et c'est pourquoi il reçut une éducation musicale.

Lorsqu'il monta sur le trône en 1509, la musique prit une place très importante à la cour. Vers 1547, Henry VIII y avait rassemblé environ cinquante-huit musiciens.  Il éprouvait lui-même beaucoup de plaisir à chanter et à jouer de la musique, il jouait de l'orgue, du luth et de l'épinette (comme quoi, personne n'est complètement mauvais). Trente-quatre de ses compositions sont parvenues jusqu'à nous.

C'est peut-être lui qui aurait écrit le texte de Greensleeves en l'honneur d'Anne Boleyn (qui serait donc cette "Dame aux manches vertes" ?), mais on n'en a pas la preuve.
Le compositeur de la musique est anonyme, dommage pour lui car son tube a traversé les siècles (en aviez-vous reconnu le thème dans la chanson Amsterdam de Jacques Brel ?).

En voici donc quelques versions... on a l'embarras du choix !

Jordi Savall et viole de gambe :  
Greensleeves to a ground (ground = basse obstinée en anglais)




Une version à la flûte à bec, quand même ! C'est Hans Martin Linde à la flûte, oui oui, celui-là.
(L'esthétique de la vidéo est discutable, mais c'est pas grave, vous n'aurez qu'à fermer les yeux)





Mais éloignons-nous des sentiers trop battus pour écouter deux courtes compositions d'Henri pour la flûte à bec (il paraît qu'à sa mort il en possédait 76 !) :




Et pour finir, un autre tube, paroles et musique d'Henri cette fois, composé peu après son couronnement : "Pastime with good company", ou "The King's Ballad" (je vous préviens, ça reste un peu dans la tête...).

Une version instrumentale :



Une version vocale :



Pour passer le temps,
Chasser, chanter, danser ;
Mon coeur est ouvert ,
Pour mon agrément,
Aux meilleurs divertissements ;
Qui me l’autorisera ?

La jeunesse doit quelque peu badiner,
Avoir du bien et du mal de l’expérience ;
Rien de meilleur dès lors que la compagnie,
Pour dissiper toute pensée, toute fantaisie,
Car la paresse de tout vice
Est la mère
Qui peut donc prétendre
Que rire et plaisir
Valent plus que tout ?


La compagnie en toute honnêteté est vertu,
Tout vice appellera refus ;
La compagnie est bonne et mauvaise chose à la fois,
Mais tout homme en a le libre choix,
Poursuivre le meilleur,
Fuir le pire,
Tel sera mon dessein ;
Cultiver la vertu,
Refuser le vice,
Ainsi me comporterai-je ?



Et enfin une version (presque) contemporaine (contemporaine de la maman de Léone, en tous cas), celle de Jethro Tull, groupe de rock des années 60 (si si, c'est bien, vous allez voir !) :

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