vendredi 28 janvier 2011

Don Giovanni

Encore un morceau pour les membres de l'orchestre : la scène XVII de Don Giovanni.

Don Giovanni, opéra de Mozart (vous voyez qui ou je détaille ?) en deux actes et en italien, créé à Prague en 1787, inspiré par le mythe de Don Juan.

Rappelons un peu l'intrigue : 

L'action se déroule à Séville, en Espagne, au XVIIe siècle.

Don Juan est un jeune frimeur qui ne pense qu'à piquer les fiancées des autres en leur promettant des voyages de noces au club med' avant de les  jeter comme des malpropres. Forcément, au bout d'un moment, ça lui attire des ennuis, comme de se faire provoquer en duel par un papa pas content et de le tuer. 

Statue du Commandeur, Prague
Mais le papa en question, celui de Donna Anna, c'est le fameux Commandeur, un gars pas commode du tout, même quand il est mort, et qui ne pense qu'à se venger. 
Pas du tout refroidi par ces aventures (contrairement au Commandeur), le jeune bellâtre continue joyeusement ses bêtises et, un soir qu'il se promène dans un cimetière (bah oui, paraît que ça se fait de se promener la nuit dans les cimetières) et qu'il rigole avec son valet (paraît que ça se fait aussi de rigoler dans les cimetières, la nuit) (avec son valet), il fâche la statue du Commandeur (vous voyez qui) qui lui demande de laisser les morts en paix. 
Don Juan, pas gêné pour deux sous, en profite pour inviter la statue à dîner (paraît que ça se fait d'inviter des statues à dîner le soir dans des cimetières, en rigolant avec son valet), ce qu'elle accepte.

C'est comme ça que lors du fameux dîner, se pointe au dessert la statue du Commandeur qui, fâchée que Don Juan refuse de devenir un gentil garçon, s'en va alors que le jeune voyou est englouti par les flammes de l'Enfer : c'est le final, la fameuse scène XVII que nous sommes chargé(e)s de jouer.

(Si vous ne voyez pas tout de suite le rapport avec une souris verte, c'est pas grave, vous comprendrez plus tard).

Renaissance et diminutions (2)

Pour ce deuxième épisode de la merveilleuse aventure de la diminution à la Renaissance, nous poursuivrons aujourd'hui avec un madrigal de Palestrina : "Vestiva i colli" ("Entrez dans les collines"), dont je vous propose d'écouter plusieurs versions.

Palestrina
Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525 - 1594) est un compositeur italien très représentatif de la Renaissance, parfois considéré comme le "père" de la musique chrétienne.

L'oeuvre choisie ici est cependant un madrigal profane. Le madrigal est une forme polyphonique vocale, composée sur un poème de qualité et dont la musique tend à exprimer les sentiments décrits par chaque vers. La plus grande partie des madrigaux a été composée en Italie, au cours de la Renaissance et au début de la période baroque (de 1520 à 1630 environ) (c'est fou ce que je m'instruis en écrivant ces articles) (le Hérisson En Peluche est un magnifique support culturel).

Tout d'abord les diminutions (en anglais : divisions) de Francesco Rognoni Taeggio (né dans la seconde moitié du XVIe siècle, mort après 1626), compositeur italien qui a écrit plusieurs traités, en particulier sur l'ornementation.

Une première version flûte à bec / clavecin :



Et une autre interprétation, cette fois au violon baroque :




Ecoutons maintenant celles de Bartolomeo de Selma y Salaverde (1580 - 1638), compositeur espagnol émigré à Venise et à Vienne.

On reconnaîtra bien sûr la flûte, et un deuxième instrument qui je pense est le basson (mais j'attends la confirmation des autorités compétentes).




Et voici pour finir la version vocale :



Vous pourrez trouver ici la partition avec les paroles.

mardi 18 janvier 2011

Staeps by Staeps : la flûte à bec contemporaine en 10 leçons

Hmmm... je suis un peu fatiguée, ce qui explique le jeu de mots assez moyen du titre, et en plus je me suis encore mise dans le pétrin : va falloir maintenant que je vous fasse une série de 10 sur la flûte à bec contemporaine (euh, chef, je peux compter le Linde dedans ?)
(Tiens au fait, en parlant de contemporain, il me semblait avoir commandé un article sur la musique sérielle... Toujours pas de volontaire ?)

Bon, revenons à nos canards moutons.
Comme notre dévouée professeure (oui je sais c'est choquant, mais si on veut vraiment mettre professeur au féminin - et on veut vraiment - on est obligé d'écrire professeure, pas professeuse ni professoresse ni professerice ou je ne sais quelle autre abomination, et après on se demande pourquoi y en a qui continuent à dire "maîtresse" à des 12 ans passés) (Ah, on me souffle dans l'oreillette que l'Académie française serait plutôt contre cet affligeant néologisme).

Alors oui, les moutons.
Comme je le disais plus haut avant d'être interrompue par d'importunes considérations linguistiques, notre dévouée professeur (c'est pour faire plaisir à l'Académie, mais ce serait sympa si ces braves gens pouvaient nous trouver un féminin décent) de flûte à bec, ayant peur que nous ne sombrions dans le désoeuvrement en ce prochain week-end post-audition, nous a distribué à ma collègue de duo et moi, de nouvelles partitions : "Duo 66" de Staeps, Hans Ulrich (1909-1988), né à Dortmund (Allemagne), professeur de flûte à bec, de clavecin et de théorie de la musique moderne au Conservatoire de Vienne.

Et c'est là que l'auteur de ces lignes se rend compte avec stupéfaction, au fil de recherches complémentaires (ce qui, reconnaissons-le, tend à montrer que ses articles - contrairement à ce qu'on pourrait penser - ne sont pas écrits au hasard de sa fantaisie), non seulement qu'elle n'est pas la  première à tenter des jeux de mots pourris audacieux,  mais que son concurrent du jour est justement le compositeur dont auquel il est question ici, la preuve.

Je sais pas vous, mais j'ai personnellement constaté à cette occasion - non sans surprise - que le seul mot "contemporain" ne provoquait plus chez moi cet instinctif mouvement de répulsion qui m'était coutumier, mais plutôt un certain intérêt, une bienveillante curiosité ("oh, mais quelle drôle de chose ont-ils encore été nous pondre-là", genre). Bon après, je trouve que c'est parfois plus amusant à jouer qu'à entendre. Ou l'inverse. Ce qui me fait penser que ce n'est pas forcément la musique qu'on préfère entendre, qu'on aime le mieux jouer. Ou l'inverse. Et que ce n'est pas toujours dans la musique qu'on aime le mieux jouer que les autres préfèrent nous entendre. Ou l'inverse.

Alors évidemment, je n'ai pas trouvé de vidéo de ce duo précisément (eh oui on dirait bien qu'à la grande loterie de la distribution des partitions, il y en a qui sortent toujours perdants), mais ça ne fait pas de mal d'écouter quelques échantillons du même compositeur histoire de se faire l'oreille.


Duos n° 5 et 11  
Qui saura obtenir 66 en combinant ces deux nombres ?


Suite pour flûtes à bec (1984)
Les deux grosses flûtes à gauche me paraissent être une contrebasse pour celle de derrière et une sous-contrebasse au premier plan (Madame la professeur de flûte à bec peut-elle confirmer ?)

mercredi 12 janvier 2011

La Marche de Radetzky

Et encore un morceau du prochain spectacle ! Une - deux ! Une - deux ! Je ne veux voir qu'une tête  qu'un pupitre !



La Marche de Radetzky est une célèbre marche militaire viennoise de Johann Strauss père dédiée au maréchal autrichien Joseph Radetzky, vainqueur de la bataille de Custoza contre les Piémontais en 1848. Particulièrement apprécié des Viennois, une version de concert est traditionnellement interprétée à la clôture du Concert du Nouvel An donné par l'Orchestre philharmonique de Vienne.

samedi 8 janvier 2011

Renaissance et diminutions (1)

A la demande générale, je me fais un plaisir d'inaugurer une série d'articles à propos des diminutions. Eh oui, une série, carrément, car le sujet est vaste ! Et passionnant !

Hmmmm... il me semble en voir quelques un(e)s parmi vous qui ne savent pas encore très bien de quoi-t-est-ce qu'il s'agit (les veinards). Eclairons donc un peu leur lanterne...

Diminution : Principe d’écriture ou d’improvisation qui consiste à « diminuer » des valeurs rythmiques longues provenant d’une ligne mélodique, en général vocale (XVe-XVIIe siècles).
Il existe, dès la fin du Moyen Âge, un exemple remarquable où la virtuosité a donné naissance à une forme et à des procédés d’écriture : il s’agit de l’ornementation d’une ligne mélodique. En passant aux instruments, ce procédé donne naissance à la diminution (XVe-XVIe siècles), au double (1) (en France) et à la variation (2) (pays nordiques et allemands). 

(1) Double : second couplet d’un air qui est varié sur le principe de la diminution ou encore grâce aux agréments (ornements)

(2) Variation : procédé permettant de produire de multiples phrases musicales par des modifications apportées à un  thème

La diminution consiste donc à remplir la durée d'une note longue écrite par des notes courtes improvisées. Ainsi, la durée longue est divisée, et comme diminuée en valeurs courtes.

La hauteur de la note écrite est le point de départ de chaque diminution ; la diminution doit aboutir, par une série de notes conjointes ou non, à la note écrite suivante, les notes de la diminution constituant un «remplissage» mélodique entre les deux notes écrites de la partition.

Cette technique est à l'origine du concept de virtuosité, à l'image du répertoire italien de cornet des XVIe et XVIIe siècles. De nombreux traités (La Fontegara de Sylvestro Ganassi - 1535, Il Dolcimelo de Aurelio Virgiliano - vers 1610) proposent un vaste répertoire de diminutions pour tous les cas de figure : diminutions entre deux notes à l'unisson, à la seconde ascendante, à la seconde descendante, à la tierce ascendante, à la tierce descendante, etc...

Et maintenant, à vos oreilles ! Je vous propose une petite exploration chronologique du monde merveilleux de la diminution, en commençant aujourd'hui par un méga-tube premier au top 50 du XVIe, "De tous biens plaine".

Il s'agit d'une chanson française écrite par Hayne van Ghizeghem (1445-1497?), et reprise sous différentes versions dont celle d'Alexandre Agricola (1446-1506).

En voici d'abord une version "simple" (mais très touchante je trouve) :



Suivie d'une version beaucoup plus ornementée :



Je n'ai pas trouvé de version chantée, mais voici les paroles :

De tous biens plaine est ma maistresse
Chacun luy doibt tribut d'honneur,
Car assouvye est en valeur
Autant que jamais fut déesse.

En la voiant j'ay tel léesse
Que c'est paradis en mon cueur.

De tous biens plaine est ma maistresse
Chacun luy doibt tribut d'honneur.

Je n'ay cure d'aultre richesse
Sinon d'estre son serviteur,
Et pour ce qu'il n'est chois meilleur
En mon mot porteray sans cesse.

De tous biens plaine est ma maistresse
Chacun luy doibt tribut d'honneur,
Car assouvye est en valeur
Autant que jamais fut déesse.

vendredi 7 janvier 2011

Inspiration contemporaine

Malheureusement pour nos flûtistes de 6e année, il m'a été impossible de trouver une vidéo de leur morceau de Linde pour l'audition.

Peut-être que celui-ci pourra néanmoins leur apporter un peu d'inspiration contemporaine...



"Music for a Bird" ("Musique pour un oiseau", 1968) explore les sonorités de la flûte à bec proches des chants d'oiseaux. Le compositeur, Hans-Martin LINDE, est un flûtiste à bec et compositeur Suisse d'origine allemande.